L’escalier républicain
Un chemin bordé d’épines
Les hommes naissent égaux.
Dès le lendemain, ils ne le sont plus.
Jules Renard, en 1907
1942, année horrible de l’occupation allemande accentuée qui divise les Français et les rend esclaves. 1942, l’année où les déportations explosent. C’est aussi mon année de naissance. C’est surtout le jour où un autre Georges Roques, instituteur lui aussi, héros de la résistance, est lâchement fusillé par les salopards de la milice de Vichy. Le matin même, il a écrit au tableau noir de sa classe une phrase extraordinaire, surtout dans de telles circonstances : « Tant de fleurs ont poussé sur les chemins de France ». Cette citation est calligraphiée à la craie blanche en haut du tableau noir, sous la date, comme c’est l’usage alors dans les écoles de la République. L’écriture est déliée et élégante. Le maître demande aux élèves de commenter. Cette discussion quotidienne centrée sur la morale laïque, c’était un moment quotidien et républicain essentiel dans toutes les écoles de France.