La crise, quelle crise

Crises, vous dites bien crises, ou crise ?

Personne ne peut nier que la planète entière est en crise et que l’humanité est en danger. Deux attitudes sont possibles face à cette réalité. Ecouter les complotistes, les collapsologues et autres oiseaux de malheur pour dire que la fin du monde arrive, et qu’il y a des gens qui profitent de cette situation. Certes, la fin des temps arrivera, dans quelques millions d’années. Entre temps, on doit tenter de comprendre

La fin du monde

Pour échapper à la fin du monde, qu’ils pensent programmée le 21 décembre prochain 2022, certains se sont donné rendez-vous à Bugarach, petit village audois de deux cents habitants situé au pied des Pyrénées. Des rumeurs apocalyptiques érigent en effet ce petit village français en arche de Noé version 2012. Le 21 décembre 2012 est aussi censé être le terme du calendrier maya. Mais pas de panique, un américaniste a remis les pendules à l'heure : il nous reste 72 milliards de milliards de milliards d'années à vivre. La fin du mois arrive plus vite que la fin du monde, mais leurs causes et leur déroulement peuvent apparaître au même moment. Les calendriers se télescopent.

L’état de la crise

Il faut d’abord avoir une appréciation juste de l’état de crise. La crise peut être vue comme globale, ou comme l’addition de plus sieurs crises. Ces crises ne sont pas juxtaposées, elles ne s’ajoutent pas les unes aux autres, elles sont en interaction dynamique, en phase de systémogenèse.  Leur émergence dans le même temps finalement assez court n’est pas pas liées au hasard.

C’est l’effet cumulé des effets de seuil des différents domaines (climatique, écologique, épuisement des ressources renouvelables, planétarisation de l’économie) qui produit ces peurs, cette véritable sidération.

Il n’y a pas de hasard. Un refuge commode est de dire que tout cela est aléatoire, que c’est lié à la malchance ou à des erreurs. Pourtant, le principe de la causalité contingente étudié par Antoine Augustin Cournot (1807-1877) [1]nous dit que « le caractère fortuit de certains évènements découle de ce que leurs causes antécédentes étaient indépendantes, alors que leurs effets brusquement se mêlent ». La crise actuelle est une parfaite illustration de ce procès.

Ces crises ont des âges et des temporalités très différentes, mais leurs effets majeurs peuvent émerger dans le même temps court. Les changements climatiques sont de tous les temps. La Sahara a eu un temps un climat subtropical. Les oscillations naturelles sont depuis quelques décennies nettement accentuées par l’action des hommes. Cette dernière conduit, par ses excès, à un effet de seuil, un moment où l’équilibre est rompu. La crise dite écologique est bien liée à la rencontre entre es phénomènes naturels et l’action des hommes.

Des télescopages majeurs

Aux questions climatiques et écologiques viennent se mêler les pandémies. Elles  sont de tous les temps, et l’humanité en a connu de plus cruelles, comme la peste noire. Ce qui est nouveau, c’est l’apparition inattendue du Covid et de ses multiples variants qui arrive dans un mouvement d’émergence habituel d’autres virus comme la grippe et le virus de la bronchiolite.

L’élément le plus fondamental, c’est le fait que l’action humaine est aujourd’hui pleinement planétaire. Là aussi, un seuil a été franchi. Hommes et matériaux se déplacent de plus en plus et de plus en plus loin grâce à des lourds porteurs (avions et porte-containers notamment) et avec des réseaux de pipe-line très étendus. Les échanges ont considérablement augmenté, poussés en cela par l’escalade de laconsommation mondiale.

Quelques pistes

On doit chercher à comprendre les raisons de ces crises, et tenter de trouver des solutions pour sinon les résoudre, du moins en diminuer les effets. Plus que jamais, se tourner vers l’avenir, en prenant en compte les leçons du passé. Il ne s’agit pas de crises qui s’ajoutent les unes aux autres, mais d’une crise globale qui demande une approche globale et systémique. Ceci n’exclut aucunement les études analytiques, à la condition d’en intégrer les conclusions à l’approche nécessairement globale. Mais le temps presse. Ne perdons pas de temps dans de multiples controverses…

[1] Antoine Augustin Cournot, né le 28 août 1801 à Gray (Haute-Saône) et mort le 30 mars 1877 à Paris, est un mathématicien et philosophe français qui s'est intéressé notamment à la formalisation des théories économiques. Il est ainsi un des premiers à avoir formulé un modèle de l'offre et de la demande.