Vu d’ailleurs

Un évènement récent, traité comme un non évènement par la presse en particulier régionale m’a récemment interpelé. Les relations médias/ populations destinataires et territoires me semblent très fortes.

Un évènement récent, traité comme un non évènement par la presse en particulier régionale m’a récemment interpelé. Les relations médias/ populations destinataires et territoires me semblent très fortes. C’est particulièrement vrai pour les jeunes, au risque de les voir partir vers d’autres horizons. Ils n’ont pas la place qu’ils méritent dans la société. Ils sont les premiers concernés par les évolutions difficiles à venir.

La période est faste pour les médias, avec une actualité diverse, multiple, foisonnante et souvent dramatique. Il faut faire des choix pour éviter que certains responsables politiques occultent les débats. Le brouhaha médiatique est bien là, et il fait des victimes.

De quoi médias locaux et régionaux parlent.

Je n’ai pas la prétention de répondre à la totalité de cette question, mais simplement, à partir d’un exemple précis et récent, d’aider chacun d’entre nous à réfléchir un peu mieux à partir d’un fait observé.

J’ai personnellement été interpelé par mon petit fils âgé de 16 ans qui est en sport études au Lycée Mermoz de Montpellier. . Au retour d’une compétition nationale de natation les 14 et 15 mai à Amiens, il m’apprend que lui et son équipe sont devenus non seulement champions de France UNSS en natation, mais aussi qu’à ce titre, ils vont participer du 14 au 22 mai 2022, en Normandie, à l’édition 2022 de la gymnasiade, le plus grand événement sportif scolaire au monde. Ces jeunes de15 à 18 ans y seront avec 3500 autres. 20 sports seront pratiqués et 80 pays sont représentés. Ces compétitions ont commencé en 1974 à Wiesbaden. Elles sont aujourd’hui parrainées par Renaud Lavilennie et la boxeuse Estelle Mossely. Voici quelques-unes des villes où se sont déroulées les précédentes éditions : Brasilia 2023, Shanghai 1998, Barcelone 1988, Izmir 1978Le niveau est très élevé. C’est un évènement mondial. Il s’agit bien d’une compétition internationale prestigieuse. Pas pour tout le monde.

Et pourtant, malgré la présence d’une équipe locale, rien dans aucun des médias locaux et régionaux. Malgré de nombreux efforts, absolument rien n’a été évoqué. Nulle part n’est apparu le titre de champion de France, pas plus que la participation de cette même équipe aux gymnasiades, véritables JO de la jeunesse. Seule, la PQR Normande en a peu parlé. En Occitanie, rien !

Ça intéresse qui, des jeunes qui réussissent à ce niveau ? Peut- être faudrait-il qu’ils fassent quelques excès de violence, consommation de drogue, manifestations dans les rues pour que l’on s’intéresse à eux ?

Si l’on ne parle pas des jeunes sportifs, de qui parle-t-on ?

A Montpellier, la presse est submergée par les vedettes du club de foot de Montpellier/ la Paillade. Le titre de Champion de France de Foot, en 2012 est fêté d’une manière assez indécente. Il est vrai qu’un seul titre pendant des décennies…D’autres clubs en ont au moins 7…et font moins de bruit. Cette année est une saison catastrophique. (13e en ligue sur 20). A Clermont, le MHEC n’avait rien a gagné et rien à perdre. Il perd et bénéficie pourtant d’un direct de 3 heures sur France bleu Hérault. Et cela continu encore 3 heures sur la radio locale le jour du « Match des champions », plus une émission par jour (100% Paillade). Midi libre sort des pages entières sur des joueurs soi-disant protées comme Cabella et Savanier, comme Delors. Seul Olivier Giroud a fait une excellente carrière. Un gros dossier spécial abondamment illustré sort le lendemain du match Montpellier/PSG (une déculottée 4 buts à zéro). Nul ne peut ignorer cette commémoration, même sur les réseaux sociaux. On est carrément dans la mythologie, dans le divin.

Le rugby, lui, n’a aucun titre de champion de France à fêter. Pourtant, le 2 juin 2018, la presse annonce une finale gagnée d’avance. Ce fût une formidable fessée reçue par nos copains Castrais. Une petite coupe d’Europe voici quelques années et un échec cuisant en quart de finale de la coupe d’Europe cette année contre la Rochelle. Le club est en tête du classement du top 14 et peut espérer être qualifié pour phase finale. De toute façon, on en parlera. En attendant, les médias consacrent beaucoup de temps aux joueurs soit parce qu’ils se blessent (Willemse), soit parce qu’ils reviennent juste avant de partir (Paillaugue), soit parce qu’ils sont punis par un nouveau carton rouge (Haouass).

On est en droit de se féliciter de ces résultats, mais avec un peu de mesure.et sans trop se focaliser sur deux ou trois sports. Dans le même temps, on parle beaucoup moins des sports pourtant connus comme le hand bal éliminé tôt en coupe d’Europe, le volley champion de France cette année, les sports féminins et surtout les jeunes sportifs. Un titre national vaut beaucoup plus pour les journalistes s’il concerne des individus majeurs et professionnels que s’il s’agit de jeunes amateurs. La fonction éducative de la presse régionale à propos des sports peut se ramener à çà.

Hors le sportif, il faudra évoquer plus tard les autres thèmes qui intéressent le plus les médias locaux et régionaux (le politique, le tragique, le scandaleux…). Trop souvent, la presse fait des appels du pied à ce public, râleur par principe, les yakas, rouspéteur, suspicieux, complotiste qui se bornent à tout contester.

L’essentiel, c’est la quête constante du lectorat, de l’audience (Médiamétrie). Car c’est de ces indicateurs que dépendent les moyens des uns et des autres : vente et abonnements, capitaux privés, subventions des collectivités, publicités, publication des annonces légales,

Les jeunes sont peu vendeurs. Ça tombe bien, ils ne sont pas à vendre…