Coupe du monde de rugby
Un grand succès populaire dans des lieux inattendus
Selon World Rugby, 165,5 millions de téléspectateurs ont regardé les matches de poules. C’est mieux que pour la totalité des matches en 209. Il en est de même pour le nombre de spectateurs dans les stades. Avec 1,8 millions, on fait mieux qu’en 2019. Un succès considérable. On ne saura qu’après le 21.Octobre si l’équipe de France a gagné cette coupe chez elle, sur son herbe nationale. Mais les lieux où se sont déroulés les matches de poule jusqu’aux demies finales peuvent surprendre. Les organisateurs ont privilégié la recherche de publics nouveaux, et sans doute aussi des stades capables d’accueillir un large public. C’est une grande réussite. On a joué au rugby aussi dans des stades et des villes plutôt voués au football. C’est plus à cet aspect de l’occupation de l’espace d’une activité sportive que lon s’attachera ici, plutôt qu’à l’aspect uniquement sportif, ce qui est largement développé ailleurs
C’est sans doute pourquoi Carole Delga, Présidente prend date en déclarant : «L’ Occitanie, la région du rugby». Affirmation trés discutable. La première région de France pour le nombre de licenciés en rugby, c’est l’Ile de France. Par contre, il est vrai que l’Occitanie est bien celle qui détient le plus de titres au plus haut niveau. Tout cela grâce à Toulouse (22) surtout, à Béziers (11). Castres (5), Montpellier, Perpignan et Narbonne ont un seul un bouclier. Le Sud-ouest, avec des équipes comme le Lourdes des frères Prat, Mont de Marsan, avec les frères Boniface, Tarbes avec Pipiou Dupuy ont été bien plus terres de rugby que l’Occitanie. Aujourd’hui, c’est essentiellement grâce à Toulouse qu’elle peut tout de même l’affirmer, même si c’est l’Ile de France qui compte le plus de licenciées dans cette discipline.
On pouvait s’attendre à ce que ce soient les villes du sud les plus « rugby » soient choisies pour les confrontations, au moins avant les matches à élimination directe. Sur les villes candidates, 12 sont retenues . Les gagnantes sont : Paris, Lille, Lens, Saint-Denis, Nantes, Bordeaux, Toulouse, Marseille, Nice, Saint-Etienne et Lyon. Ces villes auront la chance d'accueillir la coupe du Monde 2023. Montpellier est écartée. D’autres cités auraient pu être envisagées, comme Castres ou Clermont Ferrand. Valenciennes, Le Havre, Rennes, Le Mans, Sochaux, Grenoble et Nanterre, un temps candidates, n'ont finalement pas intégré la liste des heureuses élues.
Un classement trop ancien
Les poules ont été constituées en 2020 à un moment à un moment où le classement mondial de 2017 (soit 5 ans avant) était très différent de ce qu’il est au moment de l’établissement des poules. Au moment où se joue la coupe, Irlande, Afrique du sud, France, Nouvelle-Zélande sont en tête, dans cet ordre. L’Ecosse (5e) est éliminée, comme l’Australie. Argentine, Fidji (7e) Angleterre (8e) et même le Pays de Galles (10e) se qualifient, contre tout pronostic…
Le tableau actuel est totalement déséquilibré avec d’un côté, les ténors, et de l’autres des équipes réputées plus faibles. On a vu ainsi s’affronter dans les mêmes poules la France et la Nouvelle Zélande (poule1), l’Irlande et l’Afrique du sud (poule 2). Ces quatre équipes, disputent les quarts de finale. Les vainqueurs iront en demi-finale et les perdants seront éliminés. Dans l’autre moitié du tableau, on trouve des équipes moins bien classées comme l’Angleterre et le Pays de galles qui connaissent un regain forme. L’Argentine s’en sort de justesse et les Fidji font peur…Constituer les poules aurait dû être fait plus tard, avec un classement mondial actualisé. On aurait ainsi évité un déséquilibre flagrant, et peut être avoir des résultats plus surprenants.
De toute façon, le tableau était établi, et il fallait jouer. Pour les quarts et les demi-finales, Paris, et c’est logique, est choisi. Ca l’est beaucoup moins pour Marseille, par excellence la ville du football. Cependant, le public a fait montre d’uns grande ferveur et d’une attitude exemplaire lors des matches. Les villes de football (St Etienne, Lille, Lens, Nantes, Nice et même Bordeaux) sont choisies pour une éventuelle conquête de ces stades pour le rugby. A titre d’exemple, que Toulouse soit la seule ville occitane à avoir des matches, rien d’étonnant. C’est le stade toulousain qui a le plus de titres, et ça n’est pas fini. Le rugby de haut niveau se concentre de plus en plus sur les grandes villes. Côté joueurs, ces grands clubs sont de véritables pompes aspirantes. Guilhem Guiraud va de Perpignan à Montpellier. Melvyn Jaminet lui, est parti à Toulouse. Le rugby de village et les querelles de clocher, c’est bon pour les petites villes. A cet égard, Castres, Béziers et d’autres lieux historiques (Lourdes) mériteraient d’être mieux traitées. Mais les infrastructures ou bien sont insuffisantes, ou bien ont mal vieilli.
2017, une année cruciale
C’est un peu mieux réparti pour les lieux d’accueil des équipes. Les villes candidates maillent assez correctement l’espace national. Une vingtaine d’entre elles accueillent les équipes lorsqu’elles ont candidaté. Pour l’équipe de France c’est Paris et Aix en Provence. 2 autres sont en Ile de France : Croissy-sur-Seine, Versailles 4 villes sont en Auvergne Rhône- Alpes : Lyon, Bourgoin-Jallieu, Saint-Étienne, Aix-les-Bains. Clermont n’a pas candidaté. La région reine de Mme Delga, en accueille 3: Toulouse, Perpignan, Montpellier. PACA compte 3 villes : Avignon, Toulon, Nice. 3 sont en Nouvelle Aquitaine La Baule, Libourne, Lormont. 3 villes s’ajoutent sur l’océan Atlantique: Île de Ré, La Rochelle, Perros-Guirec. 1seule dans le val de Loire : Tours. Et enfin les Anglais sont au Touquel, dans les hauts de France. Il faut rester proche de leur terre natale..
Il n’en va pas de même pour les stades où se déroulent les matches. Ces confrontations ont lieu à Paris, bien sûr, à Toulouse, mais aussi dans les places fortes du rugby français qui, comme chacun le sait sont Lille, Nantes et St Etienne, par exemple. C’est encore correct pendant les poules, mais avec les demi-finales, c’est Paris et Marseille…Et la finale au Stade de France
Partout, les stades sont pleins, même pour des matches de poules. Les Français veulent voir du rugby de haut niveau. L’enthousiasme est extraordinaire partout. Pas d’incident majeur à relever. C’est rassurant face aux inquiétudes soulevée et exploitées politiquement pour les jeux olympiques de 2024. Et si tous les publics étaient aussi corrects et festifs que celui du rugby ?
On se console avec l’équipe de France ?
On ne parlera pas ici des joueurs étrangers sélectionnés pour d’autres pays. Sur les 14 équipes engagées en Top 14, 6 seulement ont des joueurs retenus dans l’équipe dite premium, celle des vrais titulaires. Certains clubs ayant été champion de France (le Brennus) n’ont pas de joueurs dans cette équipe : Montpellier ; Castres, Clermont-Ferrand, Perpignan, Stade Français. Plus loin dans le temps viennent Béziers, Lourdes, Agen…
Dès l’annonce de la liste des 42 bleus en Juin 2023, ce sont les Toulousains qui sont les plus nombreux. La Rochelle vient ensuite. Bordeaux apparait peu, tout comme le Racing, Toulon et le Lyon. Avec les 33, la liste se restreint toujours autour des mêmes clubs. On note la disparition des montpelliérains et le retour d’Anthony Jelong, encore un Toulousain. Mais le grand chambardement vient ensuite avec les blessures des joueurs de la charnière toulousaine reine.
Il faut attendre les matches les plus importants pour voir se resserrer l’équipe. Le premier match à élimination directe, le 6 octobre contre l’Italie, et bien entendu le quart de finale contre les très rugueux sud-Africains. Contre l’Italie 6 octobre, le 15 majeur compte 5 Toulousains, 3 bordelais, 3 Rochelais, 2 joueurs du Racing, 1 toulonnais, et un Lyonnais. Un match premium. La charnière bordelaise Lucu-Jalibert a parfaitement suppléé aux absences pour blessures d’Antoine Dupont et Romain Ntamack. Sauf nouvelle blessure, c’est cette formation qui jouera en quart, peut-être en demie puis en finale. Nous avons vu plus tôt combien les deux côtés du tableau étaient différents. On a vu des scores fleuves (cent points) entre des équipes dont on peut douter qu’elles doivent s’ffronter tant les niveaux sont très différents. Mais il se dit que l’on peut apprendre même d’une telle fessée. Ce qui est certain, c’est que la finale opposera une des quatre équipes les meilleures du monde à un outsider. Certes, au moins l’Angleterre et le Pays Galles ont été très sous- estimés. Ce sport reste toujours en grande partie représenté à ce très haut niveau par les britanniques. Histoire oblige car ce sport a été codifié sur leurs terres..
Si victoire française il y a, ce serait un beau cadeau pour le Montpelliérain Florent Grill, nouveau président de la FFR qui a succédé à Bernard Laporte.